Pourquoi être seul n’est pas bon pour la santé ?

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Rédigé par Pierre et publié le 9 décembre 2015

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En cette période de fêtes, nous sommes heureux de pouvoir nous rassembler en famille, entre amis et d’être entouré des personnes que l’on aime. Malheureusement, cette chance n’est pas donnée à tout le monde. Des chercheurs ont souhaité comprendre l’impact du sentiment de solitude sur notre santé. Leurs résultats font l’objet d’une publication dans le journal scientifique des comptes-rendus de l’académie des sciences américaines, PNAS (Proceedings of the National Academy of Science) .

Se sentir seul augmente le risque de mort prématurée

En 2014, les chercheurs de l’université de Chicago ont montré que le sentiment de solitude, chez les personnes âgées, augmentait le risque de mort de prématurée de 14%. En comparaison, des facteurs socio-économiques défavorables augmentent de 19% les risques de mort prématurée. La présence d’amis, de sa famille est cruciale pour maintenir une qualité de vie propice au bien-vieillir.

Pour aller plus loin, les chercheurs ont souhaité comprendre l’impact biologique de la solitude sur notre corps. Tout d’abord, se sentir seul diminue les capacités de résilience, c’est-à-dire nos ressources internes pour faire face à un stress ou pour se remettre d’une maladie. Par ailleurs, le sentiment de solitude a également un effet délétère sur la qualité du sommeil et favorise les risques de dépression.

Il faut bien distinguer la solitude du sentiment de solitude. En effet, des personnes âgées qui déménagent pour vivre dans un climat plus propice, mais qui s’éloignent de leurs liens familiaux, ne gagneront pas forcément au change.

Le système immunitaire n’aime pas la solitude

Dans une étude plus récente, ces mêmes chercheurs ont montré que le sentiment de solitude est associé à une augmentation de l’inflammation cellulaire et une baisse de l’activité du système immunitaire. Cet effet serait soutenu par un changement de l’expression d’une série de gènes « CTRA » (réponse transcriptionnelle conservée face à l’adversité) régulant eux-mêmes d’autres gènes spécifiques intervenant dans la réponse physiologique au stress.

Chez des personnes ressentant un sentiment de solitude durable, l’activité génétique des globules blancs, chargés de nous protéger en cas d’infection, est diminuée tandis que le niveau d’inflammation dans les cellules augmente. La conjonction de ces deux effets est délétère pour la santé de ces personnes, elles deviennent davantage vulnérables aux infections et ont une moins bonne capacité à lutter contre l’agent pathogène.

Par ailleurs, les chercheurs ont pu noter que le sentiment de solitude et la réponse génétique face à l’adversité s’entretiennent mutuellement. C’est-à-dire que le fait de se sentir seul déclenche une réaction génétique agissant sur le système immunitaire et sur l’inflammation, de même, cette réponse une fois déclenchée, entretiendrait le sentiment de solitude. Pour le moment, les scientifiques ne savent pas encore expliquer par quels mécanismes, sentiment de solitude et réponse génétique face à l’adversité communiquent ou agissent l’un sur l’autre.


Sources :

Loneliness is a major health risk in older adults. Cacioppo J, et al., présenté à “The Annual Meeting of the American Association for the Advancement of Science.”, 2014
Myeloid differentiation architecture of leukocyte transcriptome dynamics in perceived social isolation, Cole S, et al., PNAS, 2015

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