Dépression de l’adolescent : l’intérêt de la thérapie cognitivo-comportementale

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Rédigé par Estelle B. et publié le 24 mars 2018

Les troubles dépressifs au cours de l’adolescence sont en augmentation depuis plusieurs années, avec un risque de plus en plus élevé et précoce à chaque nouvelle génération. La dépression de l’adolescent se caractérise par des mécanismes particuliers, avec le risque de tentative de suicide en toile de fond. Récemment, une étude s’est penchée sur l’intérêt de la thérapie cognitivo-comportementale dans la prise en charge de la dépression chez l’adolescent.

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Dépression de l’adolescence et psychothérapie

Bien que les troubles dépressifs chez les adolescents soient largement médiatisés, ils ne sont pas encore considérés comme des enjeux de santé publique. Pourtant, ces troubles soulèvent des problématiques majeures à plusieurs niveaux :

  • Les pathologies associées à ces troubles dépressifs ;
  • L’impact sur le développement de l’adolescent ;
  • Les conséquences psychologiques et sociales ;
  • La mise en jeu du pronostic vital liée au risque suicidaire.

Les études menées spécifiquement sur la dépression de l’adolescence restent limitées et il est donc difficile de savoir quelles sont les thérapies les plus efficaces pour cette catégorie de population. Les différentes psychothérapies utilisées chez les adolescents sont les suivantes :

  • Les thérapies psychodynamiques ;
  • Les thérapies systémiques ;
  • Les thérapies à médiation corporelle ;
  • Les thérapies familiales ;
  • Les thérapies cognitivo-comportementales ;
  • Les thérapies interpersonnelles.

Plusieurs études ont mis en avant qu’au-delà du choix de la psychothérapie, plusieurs éléments de la prise en charge jouaient un rôle capital dans l’effet thérapeutique, à savoir :

  • La qualité de l’alliance thérapeutique (relation médecin-patient) ;
  • L’empathie ;
  • L’attention aux réactions du patient ;
  • La cohésion dans les thérapies de groupe.

D’autres thérapies en appui

En dehors de la psychothérapie, la prescription de médicaments antidépresseurs reste encore aujourd’hui soumise à controverse chez l’adolescent, notamment vis-à-vis du rapport bénéfice / risque de certains médicaments. Les inhibiteurs de recapture de la sérotonine n’apporteraient ainsi pas de bénéfice et pourraient même augmenter le risque suicidaire chez les jeunes de moins de 25 ans. Des études cliniques menées spécifiquement sur des populations d’adolescents pourraient permettre de préciser l’effet des antidépresseurs, mais elles sont compliquées à mettre en place.

Enfin, d’autres thérapies peuvent être appliquées aux adolescents dépressifs, mais uniquement dans certains contextes particuliers :

  • L’électroconvulsivothérapie, en dernier recours dans les dépressions résistantes de l’adolescent après échec de tous les autres traitements ;
  • Les stimulations magnétiques transcrâniennes répétées, dans de rares cas de dépressions résistantes.

Certains spécialistes plaident pour une prise en charge basée sur la combinaison de plusieurs thérapies, telles que la psychothérapie et les antidépresseurs, ou sur des interventions plus complexes associant :

  • Des psychothérapies ;
  • Des actions psychoéducatives ;
  • Des actions sur l’environnement de l’adolescent.

Mais leur intérêt reste à valider par des études scientifiques.

L’intérêt de la thérapie cognitivo-comportementale

Quelle que soit la thérapie envisagée, l’une des principales difficultés rencontrées avec les adolescents est le refus de suivre le traitement. Selon une étude menée aux USA, la moitié des adolescents dépressifs refusent de débuter un traitement antidépresseur après le diagnostic. Et la moitié de ceux qui acceptent ne poursuivent pas le traitement jusqu’à son terme, pour plusieurs raisons :

  • Les effets secondaires gênants des médicaments (troubles du sommeil, troubles digestifs, maux de tête, …) ;
  • Le risque suicidaire ;
  • Un manque d’efficacité.

Dans ce contexte, des chercheurs californiens ont analysé le cas de 212 adolescents âgés de 12 à 18 ans et soignés pour dépression. Ils ont ainsi mis en évidence que la thérapie cognitivo-comportementale, même de courte durée (moyenne de 6,4 sessions), avait des effets positifs sur le long terme. Sur une période de suivi de 2 ans, les adolescents ayant bénéficié d’une thérapie cognitivo-comportementale ont présenté des troubles dépressifs moins longs (27 jours en moins) que ceux traités par des antidépresseurs.

La thérapie cognitivo-comportementale est une psychothérapie de courte durée, qui vise à remplacer les idées négatives et les comportements inadaptés par des pensées et des réactions en adéquation avec la réalité. Elle est indiquée pour toute personne en état de souffrance psychique, quel que soit son âge, mais requiert l’adhésion du patient pour qu’il puisse s’investir pleinement dans sa prise en charge.

En France, entre 8 et 12 % des adolescents seraient touchés par la dépression, selon la Haute Autorité de Santé. Les thérapies cognitivo-comportementales peuvent être réalisées par un psychologue ou un psychiatre, avec la possibilité d’une prise en charge partielle par l’Assurance Maladie.

Estelle B. / Docteur en Pharmacie

– LA DÉPRESSION CHEZ L’ADOLESCENT : Recherche menée par Pierre RAySSE et Diane PuRPER-OuAKIL. Fondation Pierre Denicker. Consulté le 19 février 2018.
– Kaiser Permanente Study Finds Cognitive Behavioral Therapy Is Cost-Effective for Teens Who Decline Antidepressants. Kaiser Permanente Center. 18 January 2018.