Dépression du post-partum, les phtalates pointés du doigt !

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Rédigé par Estelle B. et publié le 3 décembre 2023

Entre 10 et 20 % des femmes souffrent d’une dépression du post-partum au cours de l’année qui suit la naissance de leur enfant. Cette dépression, parfois grave, peut nuire à la santé et à la qualité de vie de la mère et de l’enfant. D’après une récente étude, l’exposition à des substances chimiques de l’environnement pourrait jouer un rôle dans la survenue de cette dépression. Explications.

dépression post partum

Dépression du post-partum, ce n’est pas un simple baby blues !

Après plusieurs mois de grossesse et un accouchement parfois mouvementé, les femmes sont souvent exposées au baby blues, un mélange de tristesse et d’anxiété qui survient dans les quelques jours suivant la naissance de l’enfant. Les bouleversements émotionnels, hormonaux, familiaux, etc. en seraient la cause. Ce baby blues dure quelques jours et cesse de lui-même sans conséquence notable pour l’enfant, sa mère et le reste de la famille. Mais il ne faut pas le confondre avec une dépression du post-partum, qui est une véritable dépression.

Comme toute dépression, la dépression du post-partum associent différents symptômes : de la fatigue, un sentiment de tristesse, une perte d’énergie ou d’appétit, une perte d’estime de soi, un repli ou encore des troubles du sommeil. Si elle n’est pas rapidement repérée et prise en charge, la dépression du post-partum peut avoir d’importantes conséquences sur la santé de la mère et de l’enfant. Face à cette situation, un accompagnement par un professionnel est indispensable. La mère doit pouvoir demander de l’aide et bénéficier de cet accompagnement. Un traitement médical adapté peut être nécessaire.

Parmi les facteurs de risque de la dépression post-natale, des facteurs environnementaux ?

Le baby blues est connu depuis très longtemps, et considéré souvent comme banal après l’accouchement. Mais la dépression du post-partum est aujourd’hui véritablement reconnu comme un syndrome dépressif spécifique de cette période de la vie et représente un véritable enjeu de santé publique. Les chercheurs tentent d’en comprendre les causes et de déterminer pourquoi certaines femmes sont touchées et d’autres non. Récemment, une étude s’est intéressée à l’impact des substances chimiques présentes dans l’environnement des femmes, avant, pendant et après la grossesse sur le risque de dépression post-natale.

Plusieurs facteurs de risque de dépression du post-partum ont déjà été identifiés :

  • Des facteurs psychiatriques (troubles de l’humeur, antécédents dépressifs ou anxieux, deuil périnatal, …) ;
  • Des facteurs socio-économiques (isolement social, précarité, …) ;
  • Des facteurs obstétricaux(grossesse non désirée ou pathologique, première grossesse, antécédents obstétricaux, …).

Mais les facteurs environnementaux n’ont jusque-là pas été très explorés. Dans cette étude, les chercheurs ont analysé les données de 2 174 femmes enceintes, en particulier leur exposition prénatale aux phénols, aux phtalates, aux parabènes et au triclocarban, des substances chimiques notamment retrouvées dans les plastiques et les produits cosmétiques et d’hygiène.

Les phtalates, associés au risque de dépression du post-partum

Cette étude, menée de 2006 à 2020 aux USA, a exploré le lien entre l’exposition prénatale à ces différents composés chimiques (dosage urinaire des composés à un moment de la grossesse) et la survenue d’une dépression du post-partum entre 2 semaines et un an après l’accouchement. La quasi-totalité des femmes présentaient des niveaux détectables de plusieurs dérivés des phtalates et des parabènes dans leurs urines au cours de la grossesse. Aucune association significative n’a été retrouvée entre les niveaux d’exposition aux produits chimiques et le risque de dépression du post-partum, hormis pour les dérivés des phtalates.

Des niveaux élevés de certains dérivés de phtalates, fréquemment retrouvés dans les plastiques et les produits de soins, seraient ainsi associés à un risque majoré de dépression du post-partum. Ce résultat souligne l’importance de limiter l’exposition aux produits chimiques avant et pendant la grossesse. En limitant l’exposition aux phtalates, les femmes pourraient agir directement sur le risque de dépression post-natale, alors qu’elles ne peuvent pas agir sur les autres facteurs de risque déjà identifiés.


Estelle B., Docteur en Pharmacie

Sources
– Prenatal Exposure to Nonpersistent Environmental Chemicals and Postpartum Depression.jamanetwork.com. Consulté le 20 novembre 2023.
– Qu’est-ce que la dépression du post-partum ? www.unicef.org. Consulté le 20 novembre 2023.