Durant les mois d’automne et d’hiver, nombreux sont ceux à subir ce que l’on appelle une dépression saisonnière. Ce trouble affectif est lié au manque de lumière naturelle durant cette période de l’année. Pour y remédier, la luminothérapie contre la dépression a fait ses preuves. Mais l’exposition régulière à une source lumineuse aurait également des effets bénéfiques pour traiter les formes classiques de dépression.
La luminothérapie contre la dépression semble efficace
À nos latitudes, les mois d’automnes et d’hiver sont caractérisés par une nette diminution de la luminosité naturelle. Or, l’apport de lumière joue un rôle important sur la régulation de notre horloge biologique interne et sur notre humeur. La diminution de la durée du jour entraine ainsi souvent des perturbations des cycles d’éveil et de sommeil, et impacte la sécrétion de diverses hormones dans la journée, pouvant créer des dérèglements hormonaux engendrant des états dépressifs. On parle alors de dépression saisonnière. Ce trouble de l’humeur chronique affecterait environ 5% des Français et jusqu’à 10% de la population des pays du Nord. Il se caractérise par de l’anxiété, un manque d’énergie, de l’hypersomnie (plus de 15 heures de sommeil par jour) et des troubles de l’alimentation.
Il existe cependant un remède simple et non pharmacologique contre ce type de dépression : la luminothérapie, c’est-à-dire l’exposition quotidienne devant une lampe ou un écran diffusant une lumière blanche à une intensité de 10 000 lux. En donnant au cerveau un message clair sur l’alternance jour/nuit, cette méthode thérapeutique permet de resynchroniser l’horloge interne avec la sécrétion de mélatonine, d’améliorer la vigilance, de stabiliser les rythmes de veille-sommeil et de réguler la sécrétion hormonale. Son effet sur la dépression saisonnière est ainsi connu depuis de nombreuses années. Mais la luminothérapie pourrait également avoir un impact sur d’autres formes de dépression.
La luminothérapie autant efficace que les antidépresseurs
Plusieurs études démontrent en effet l’efficacité de la luminothérapie contre la dépression non saisonnière, même si pour l’instant cette méthode reste peu utilisée au niveau clinique, contrairement à la prescription de médicaments antidépresseurs. Pourtant, il a été montré que l’efficacité de la luminothérapie est la même que celle d’un traitement médicamenteux, et que la combinaison des deux types de traitements est de loin la solution la plus efficace, en particulier pour les patients atteints de dépression du post-partum, de troubles dépressifs récurrents et de dépression bipolaire. La luminothérapie apparait également efficace contre les troubles du sommeil ou les troubles de l’adaptation aux décalages horaires pour les grands voyageurs.
Des paramétrages précis pour une bonne efficacité
Outre son efficacité, la luminothérapie est également moins coûteuse en termes de santé publique et ne provoque pas ou peu d’effets indésirables chez le patient. La luminothérapie contre la dépression saisonnière, est un traitement long, puisqu’il doit durer du début des symptômes (milieu de l’automne) jusqu’à leurs disparition (milieu du printemps). Mais attention, pour être efficace, cette thérapie nécessite d’être correctement menée. Les séances doivent ainsi être quotidiennes et avoir lieu de préférence le matin, dans l’heure suivant le réveil. Les dispositifs lumineux, nombreux sur le marché, doivent répondre à certains critères précis en termes d’intensité lumineuse et de spectre lumineux. La lampe ou l’écran doit ainsi diffuser une lumière blanche à spectre complet, sans ultraviolets et amoindrie en bleu, avec une intensité allant de 7000 à 10 000 lux. Le patient doit alors se positionner à environ 60 cm du panneau lumineux, qui doit être placé dans le champ de vision de manière indirecte. La durée de chaque séance dépend de l’intensité lumineuse mais est en moyenne de 20 à 30 minutes. Durant la séance, le patient peut très bien vaquer à d’autres occupations, comme la lecture.
Les effets indésirables sont plutôt rares et sont généralement corrélés à l’intensité lumineuse : maux de tête, nausées, sécheresse oculaire, insomnies. Cette thérapie peut néanmoins être contre-indiquée dans le cas de dommages ou de pathologies ophtalmologiques (dégénérescence maculaire, cataracte, glaucome…).
Dans tous les cas, il est nécessaire de demander conseil à votre médecin ou à un spécialiste en luminothérapie qui saura évaluer vos besoins et mettre en place un suivi de votre état de santé.
Morgane Gillard, rédactrice scientifique