Quand la capacité à percevoir les odeurs en dit long sur la dépression !

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Rédigé par Estelle B. et publié le 23 avril 2023

La faculté à percevoir des odeurs, l’olfaction, serait-elle un signe associé à la dépression et aux troubles dépressifs ? Alors que l’odorat a été largement médiatisé dans le cadre de la pandémie de la Covid-19, les capacités olfactives seraient également étroitement liées à la santé mentale. Santé Sur le Net fait le point sur les liens entre l’olfaction et les troubles dépressifs.

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Des liens étroits entre l’olfaction et la dépression

Depuis plusieurs années, de nombreuses recherches ont été menées pour mieux comprendre les liens entre l’olfaction (ou l’odorat) et la dépression. Ces liens s’expliquent initialement assez intuitivement par l’existence de connexions étroites entre les voies nerveuses olfactives et les aires cérébrales impliquées dans la régulation des émotions et de l’humeur. Faut-il précisément comprendre quels sont ces liens…

Les liens apparaissent réciproques. Les troubles dépressifs pourraient affecter les capacités olfactives, et réciproquement une atteinte de l’odorat pourrait entraîner des symptômes caractéristiques de la dépression. Mieux comprendre les liens entre l’olfaction et la dépression répond à un triple objectif :

  • Faciliter le diagnostic des troubles dépressifs en prenant en compte une éventuelle atteinte des capacités olfactives ;
  • Aider à comprendre les mécanismes physio-pathologiques associés aux différents troubles de l’humeur, dont les troubles dépressifs ;
  • Prendre en charge les troubles dépressifs consécutifs à une atteinte de l’olfaction, par exemple à la suite d’une infection par le SARS-CoV2.

L’incapacité à reconnaître les odeurs, un symptôme de la dépression ?

Dans la dépression, l’olfaction peut être atteinte de deux manières, soit par une diminution des capacités olfactives (l’individu perçoit moins bien les odeurs, c’est l’hyposmie), soit par une incapacité à reconnaître les odeurs (l’individu ne parvient plus à identifier les odeurs). Mais tous les troubles de l’humeur ne sont pas associés à des problèmes olfactifs. Les études menées révèlent que l’olfaction est souvent intacte dans les troubles anxieux, alors qu’un déficit d’identification des odeurs est observé dans :

  • Les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) ;
  • Le stress post-traumatique ;
  • Les troubles paniques.

Même au sein des troubles dépressifs, l’olfaction n’est pas touchée de la même manière. Si les épisodes de troubles dépressifs sont associés à une baisse des capacités olfactives, l’odorat semble intact dans la dépression liée aux troubles bipolaires et dans la dépression saisonnière (dépression hivernale). Des études révèlent également une altération des performances olfactives chez des personnes sans dépression diagnostiquée, mais avec une humeur dépressive modérée ou des signes dépressifs non pathologiques.

Utiliser les odeurs pour soigner certains troubles dépressifs

Une perturbation de l’odorat, des difficultés à reconnaître les odeurs pourraient ainsi être des signes associés à la dépression. Mais les données vont encore plus loin. Les personnes dépressives peuvent non seulement avoir du mal à reconnaitre les odeurs, mais surtout elles peinent à reconnaître les odeurs agréables. Dans une étude française, des sujets dépressifs ont ainsi déclaré que les odeurs de vanille, de cannelle ou encore d’amande amère étaient des odeurs désagréables.

Dans ce contexte, serait-il possible d’utiliser les odeurs pour aider les sujets dépressifs à aller mieux ? Plusieurs études suggèrent ainsi que l’utilisation des odeurs constitue une voie de recherche prometteuse contre la dépression. Des résultats encourageants ont d’ailleurs été obtenus chez l’animal. Aider le sujet dépressif à associer de nouveau certaines odeurs à des sensations agréables pourrait contribuer à soulager les symptômes dépressifs. Les liens entre olfaction et dépression pourraient ainsi déboucher sur de nouvelles alternatives thérapeutiques.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

Sources
– L’olfaction dans les troubles dépressifs : intérêts et perspectives. u-bourgogne.hal.science. Consulté le 18 avril 2023.
– Un odorat affaibli signe de dépression ? ibrain.univ-tours.fr. Consulté le 18 avril 2023.