Les Français restent parmi les plus gros consommateurs de médicaments antidépresseurs en Europe et la crise sanitaire liée à la Covid-19 a entraîné une nette augmentation des prescriptions. Si la place des antidépresseurs dans la stratégie thérapeutique contre la dépression n’est plus à démontrer, il reste délicat d’adapter le traitement à chaque patient, et notamment la durée de prise de ces médicaments. Récemment, des chercheurs britanniques ont étudié le risque de rechute de la dépression après l’arrêt des antidépresseurs. Explications.
Dépression et antidépresseurs
Face à la dépression (lien vers fiche : https://www.sante-sur-le-net.com/maladies/psychiatrie/depression-anxiete/) et notamment en cas de troubles dépressifs majeurs, la prescription d’antidépresseurs constitue une solution thérapeutique importante, bien que redoutée par de nombreux patients. Une fois le traitement antidépresseur instauré, plusieurs questions essentielles se posent pour le patient et le médecin :
- Quelle est la durée idéale d’un traitement antidépresseur ?
- Quel est le risque de rechute après l’arrêt des traitements pharmacologiques ?
- Quels sont les effets secondaires des antidépresseurs ?
La réponse à ces questions est essentielle pour définir le meilleur traitement antidépressif pour chaque patient, en fonction de ses symptômes et de sa réponse au traitement. Pour en savoir plus sur le risque de rechute, pendant ou après l’arrêt d’un traitement antidépresseur, des chercheurs britanniques se sont penchés pendant une année sur le cas de 478 patients ayant présenté au moins deux épisodes dépressifs ou suivant un traitement antidépresseur depuis au moins deux années, avec l’un des antidépresseurs suivants :
- Le citalopram ;
- La sertraline ;
- La fluoxétine ;
- La mirtazapine.
Plus de la moitié des patients rechutent après l’arrêt des antidépresseurs
Dans cette étude randomisée et en double aveugle, les chercheurs ont suivi pendant une année plusieurs aspects, notamment :
- Le taux de rechute de la dépression au cours d’une année ;
- Les symptômes anxieux et dépressifs ;
- Les signes de sevrage ;
- La qualité de vie ;
- L’humeur générale.
Certains patients ont poursuivi leurs traitements antidépresseurs, d’autres ont vu leurs traitements remplacer par un placebo, et enfin certains ont totalement arrêté leur traitement. Sur l’ensemble des patients dépressifs ayant poursuivi leur traitement antidépresseur, près de 40 % ont rechuté. Un chiffre qui s’élève à 56 % chez les patients qui avaient stoppé leur traitement pharmacologique.
Pourquoi certains patients rechutent et d’autres non ?
Si le taux de rechute se révèle significativement supérieur après l’arrêt des antidépresseurs, cette étude révèle aussi que le risque de rechute reste important même avec la poursuite du traitement. L’arrêt ou la poursuite des médicaments impactent également plus ou moins significativement la qualité de vie, les symptômes dépressifs ou encore les signes de sevrage.
Cette étude britannique apporte des précisions sur le risque de rechute après l’arrêt des traitements antidépresseurs. Le risque devient majeur, surtout chez les patients ayant présenté plusieurs épisodes dépressifs. La question de l’arrêt des antidépresseurs reste donc délicate et doit prendre en compte plusieurs paramètres :
- L’état de santé mentale du patient ;
- Sa qualité de vie sous antidépresseur, en particulier l’impact quotidien des éventuels effets secondaires ;
- Le risque de rechute lié à la gravité des épisodes dépressifs.
Le suivi régulier des patients sous antidépresseurs est capital pour évaluer au mieux la solution la plus appropriée pour le patient, l’arrêt ou la poursuite du traitement. Du côté des scientifiques, ils vont poursuivre leurs travaux pour tenter de comprendre pourquoi certains patients passent avec succès le cap de l’arrêt des antidépresseurs, tandis que d’autres non…
Estelle B., Docteur en Pharmacie
