Dépression : la prévention et le recul des symptômes passent aussi par l’assiette

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Rédigé par Julie P. et publié le 9 mai 2019

Plus de 300 millions de personnes dans le monde vivent avec une dépression. En l’absence de prise en charge adaptée, cette maladie peut devenir un frein à l’épanouissement professionnel et personnel. De nombreux travaux montrent qu’un régime alimentaire sain permet de faire reculer les symptômes de la maladie, mais aussi, prévenir son apparition.

Un régime alimentaire méditerranéen

Miser sur un régime alimentaire méditerranéen

Une étude australienne réalisée en 2016 sur plus de 12.000 personnes révélait que les personnes qui avaient augmenté leur consommation de fruits et légumes se sentaient plus heureuses comparativement à celles ayant conservé leur régime alimentaire initial.

Comment consommer ces fruits et légumes ?

Pour plus de précision, il est intéressant de noter que la forme sous laquelle est consommé ce fruit ou légume revêt une importance capitale. En effet, une autre étude, réalisée cette fois-ci en Nouvelle-Zélande, sur 422 jeunes adultes, a montré que les personnes consommant des végétaux en conserve ne bénéficiaient pas des mêmes améliorations sur leur santé mentale que ceux ayant consommé des végétaux frais.

Nous pensons que cela est dû à la teneur plus élevée en nutriments des fruits et légumes frais, en particulier des vitamines B et C, vulnérables à la dégradation par la chaleur,

explique Tamlin Conner, autrice de l’étude de l’université d’Otago.

En parallèle, suivre un régime riche en fruits et légumes doit s’accompagner d’une diminution de la consommation des produits gras, sucrés, frits et ultratransformés. Si un régime sain montre son efficacité sur le recul de la dépression, à l’inverse, on observe une accélération de l’apparition de la maladie quand l’individu suit une mauvaise hygiène de vie (surpoids ou obésité, tabac, alcool, manque d’activité physique).

Plus généralement, c’est le régime méditerranéen qui est à privilégier pour faire reculer la dépression. Tout comme le déclin cognitif et les démences.

Une autre étude menée par le centre médical Weill Cornell de New York montre, grâce à l’imagerie cérébrale, que les personnes suivant ce régime ont des cerveaux plus actifs et plus jeunes comparativement à des personnes de même âge suivant un régime occidental.

À savoir ! Le régime méditerranéen, ou régime crétois, se caractérise par :

  • une consommation abondante de fruits (frais et secs), de légumes, d’herbes aromatiques, de céréales et de légumineuses.
  • L’utilisation de l’huile d’olive comme principal corps gras.
  • Une consommation modérée et diversifiée de produits laitiers et d’œufs.
  • Une consommation limitée de poissons et de fruits de mer, et une faible consommation de viande, particulièrement de viande rouge.

De l’autre côté de la planète, au Japon, un régime alimentaire pauvre en aliments transformés et riches en fruits frais, légumes, thé vert et produits à base de soja est reconnu pour son rôle protecteur en matière de santé mentale.

À savoir ! Le régime d’Okinawa, du nom d’une île japonaise sur laquelle les habitants ont une longévité très grande, est basé sur un régime alimentaire riche en légumes, en fruits et en poissons gras. Son grand principe est de s’arrêter de manger avant la satiété et de manger beaucoup d’aliments peu caloriques et très peu d’aliments très caloriques. Cela permettrait de préserver les cellules et de limiter la production de radicaux libres qui sont responsables du vieillissement. Ce régime aiderait aussi à lutter contre l’obésité, l’insulinorésistance, les cancers hormonodépendants et l’athérosclérose.

Les effets de chacun des nutriments sur le cerveau

Les nutriments présents dans les aliments d’un régime méditerranéen agissent chacun à leur manière sur le cerveau.

  • Les glucides complexes présents dans les fruits, les légumes et les céréales complètes fournissent lentement du glucose dans notre système contrairement aux glucides simples (sodas, barres chocolatées, sucre blanc). La fluctuation importante de la glycémie peut, au bout d’un certain temps, impacter le bien-être psychologique ;
  • Les antioxydants dans les végétaux contrebalancent le stress oxydatif des cellules et diminuent l’inflammation cérébrale ;
  • Les oméga-3 présents surtout dans les poissons gras participent au bon fonctionnement du cerveau ;
  • Les vitamines B9 et B12 présentes dans les légumes (épinards, brocolis, asperges) mais aussi les oeufs, fromages et fruits de mer améliorent le bien être cérébral et protègent contre la neurodégénérescence et la dépression ;
  • Les probiotiques et prébiotiques présents dans les yaourts, le fromage et les produits fermentés stimulent la flore intestinale. Ces microorganismes produisent des messagers chimiques et influencent nos émotions et nos réactions face aux situations stressantes.

Les compléments alimentaires ne font pas reculer la dépression

Par manque de temps ou de connaissance sur la cuisine, de plus en plus de personnes se dirigent vers les compléments alimentaires pour combler leur déficit en certains nutriments (vitamines, sels minéraux) et espérer faire reculer les symptômes de la dépression ou de l’anxiété.

Dans le cadre du programme de recherche MooDFOOD, une étude sur 1025 personnes dépressives et en surpoids ou obèses, pendant 12 mois, a montré que les compléments, contenant de l’acide folique (vitamine B9), de la vitamine D, des huiles de poisson oméga-3, du zinc et du sélénium, ne fonctionnaient pas mieux que les placebos pour prévenir la survenue d’un épisode dépressif.

À savoir ! MooDFOOD, mis au point en 2014, est un consortium multidisciplinaire regroupant 13 organisations de 9 pays européens. MooDFOOD combine son expertise en nutrition, psychologie préventive, comportement du consommateur et psychiatrie pour étudier le potentiel des aliments dans la prévention de la dépression.

Ceci suggère qu’il faut donc modifier son régime alimentaire pour pouvoir ressentir les premiers bénéfices d’une alimentation saine sur le recul de la dépression.

L’alimentation et la nutrition sont des moyens prometteurs pour toucher un grand nombre de personnes. Cependant, cet essai démontre de manière convaincante que les compléments nutritionnels n’aident pas à prévenir la dépression,

commente Ed Watkins, expert en psychologie clinique expérimentale et appliquée à l’Université d’Exeter.

Toujours dans la continuité du programme MooDFOOD, les chercheurs ont mis en avant que

  • Un régime alimentaire sain, caractérisé par un régime méditerranéen, peut réduire le risque de dépression.
  • Chez les personnes obèses, la perte de poids peut entraîner une réduction des symptômes dépressifs ;
  • Les travaux actuels ne soutiennent pas l’utilisation de suppléments nutritionnels afin de prévenir la dépression.

La dépression, une fois déclarée nécessite une prise en charge adaptée à la fois médicamenteuse (anti-dépresseurs, anxiolytiques) et psychologique. N’hésitez pas à en parler à votre médecin traitant, à un psychiatre ou à un psychologue.

Julie P., Journaliste scientifique

– Manger sainement peut-il aider à lutter contre la dépression ? Slate. Consulté le 6 mai 2019.
– Nutritional supplements cannot prevent depression, research shows. MedicalXpress. University of Exeter. Consulté le 6 mai 2019.
– Want to improve your mood? It’s time to ditch the junk food. MedicalXpress. University of Exeter. Consulté le 6 mai 2019.