Être enfant ou adolescent à l’ère de la Covid-19 n’est pas une situation très sereine. La pandémie qui sévit depuis deux ans dans le monde a provoqué une nette augmentation des troubles psychologiques chez les jeunes Français. Mais elle a aussi provoqué une prise de conscience des autorités de santé publique sur l’importance de mieux connaître et de suivre l’état de santé mentale des jeunes (enfants et adolescents). Explications.
Covid-19 et santé mentale des jeunes
Dès la fin du premier confinement lié à l’épidémie de la Covid-19, les professionnels de santé ont observé une nette progression des consultations suite à des problèmes de santé mentale chez les enfants et les adolescents. Santé Publique France a rapidement pu confirmer ce phénomène au niveau national par les données épidémiologiques collectées. Pour suivre l’état de santé mentale des jeunes Français, les autorités de santé publiques disposent de plusieurs moyens de collecte des données :
- Les bulletins de surveillance hebdomadaires de la santé mentale, regroupant l’évolution des consultations aux urgences pour des conduites suicidaires, des troubles de l’humeur ou des problèmes d’anxiété ;
- Le suivi des consultations pour ces mêmes motifs auprès de SOS Médecins ;
- Des points mensuels, à la fois au niveau régional et national.
Le premier constat effectué est une tendance nette à la hausse des problèmes de santé mentale depuis le début de l’épidémie de la Covid-19. Mais les professionnels se sont également aperçus d’un manque récurrent de connaissances sur l’état de santé mentale des jeunes. Pour pallier à ce manque, Santé Publique France a décidé de lancer plusieurs études de suivi de la population infantile.
Une grande étude sur 30 000 enfants de 3 à 11 ans
L’étude Confeado, lancée dès 2020 pour évaluer l’effet du premier confinement sur le bien-être des enfants et des adolescents de 9 à 16 ans, a révélé un impact variable selon l’âge et le sexe. Les filles seraient plus impactées que les garçons et la tranche d’âge des 13-18 ans serait la plus fragile face au confinement. Comme pour le reste de la population, la situation socio-économique constitue également un critère majeur de vulnérabilité, les plus défavorisés étant les plus affectés par la situation sanitaire.
Prochainement, une nouvelle étude sera menée, l’étude Enabee (Etude Nationale sur le Bien-Etre des Enfants), pour cette fois-ci en apprendre plus sur le bien-être mental des enfants âgés de 3 à 11 ans. Près de 30 000 enfants, leurs familles et leurs enseignants devraient participer à cette grande étude, dont les résultats devraient considérablement renforcer les connaissances sur la santé mentale des enfants et des adolescents. Avant le déploiement national de l’étude Enabee, une phase pilote a démarré en janvier auprès de 2 000 enfants.
Mieux prévenir et prendre en charge les troubles
Si l’étude Enabee se concentre sur les enfants de moins de 11 ans, d’autres dispositifs ont spécialement ciblé les adolescents, par exemple la campagne de juin 2021 « En parler, c’est déjà se soigner ». Cette campagne a donné lieu à un dispositif spécifique qui s’étend jusqu’en juin 2022 : « J’en parle à ». L’objectif de ce dispositif est d’inciter les adolescents à libérer la parole en se confiant à un proche ou en contactant le dispositif d’aide à distance Fil Santé Jeunes.
Enfin, Santé Publique France finance depuis la fin de l’année 2021 le développement d’un nouveau module de formation aux premiers secours en santé mentale, ciblant les jeunes. Toutes ces études et actions ont pour objectif de mieux connaître l’état de santé mentale des enfants et des adolescents pour définir et mettre en œuvre des stratégies de prévention et de prise en charge optimales. Pour que le bien-être de chaque enfant et adolescent soit pris en compte !
Estelle B., Docteur en Pharmacie
