La dépression post-partum : plus fréquente qu’on ne le croit !

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Rédigé par Deborah L. et publié le 4 octobre 2021

La dépression post-partum désigne un mal-être psychologique qui survient après l’accouchement et nécessite souvent l’aide d’un professionnel de santé. Selon un récent sondage OpinionWay, un tiers des femmes auraient connu un épisode dépressif après leur accouchement. C’est dire l’ampleur du problème, d’autant que les hommes aussi sont concernés. Zoom sur ces résultats préoccupants…

Jeune femme en pleine dépression post-partum

Qu’est-ce que la dépression post-partum ?

La dépression post-partum touche entre 10 et 15 % des femmes ayant accouché. Il s’agit d’un état dépressif majeur qui apparaît dans l’année suivant l’accouchement et qui se prolonge dans le temps.

À savoir ! Il faut distinguer la dépression post-partum du baby blues. Le baby blues correspond à un trouble passager facilement surmontable. Survenant juste après la naissance de l’enfant, il est lié le plus souvent à la fatigue, aux bouleversements hormonaux et au stress.

La dépression post-partum se manifeste à travers des symptômes comme l’irritabilité, une anxiété importante, des troubles de l’humeur, un isolement, une fatigue permanente, une profonde tristesse, des troubles du sommeil voire pensées morbides ou suicidaires. Elle n’est donc pas à prendre à la légère et peut avoir des conséquences importantes sur l’équilibre familial et le bon développement de l’enfant.

Selon le secrétaire d’État à l’Enfance Adrien Taquet, 100 000 femmes souffriraient chaque année de dépression post-partum en France : « 15 %, je crois que c’est le chiffre couramment admis». Un récent sondage OpinionWay va même plus loin en affirmant qu’un tiers des femmes auraient connu un épisode dépressif après leur accouchement.

Les résultats préoccupants d’un sondage sur le sujet

Publié le 23 septembre dernier, ce sondage réalisé en août 2021 par OpinionWay pour l’entreprise de télémédecine Qare met en lumière les difficultés rencontrées par les parents, notamment les mères, pendant la période suivant l’accouchement. 302 femmes et 124 hommes représentatifs de la population française, tous parents d’enfants de moins deux ans, ont répondu à diverses questions.

Il ressort de ce sondage les résultats suivants :

  • Seules 22% des mères répondent avoir vécu sereinement la période qui a suivi l’accouchement.
  • 30% femmes expliquent avoir subi un épisode de dépression après la naissance de leur enfant.
  • Les femmes les plus susceptibles d’être touchées sont celles âgées de moins de 30 ans (40%) et qui ont accouché pour la première fois (35%).
  • Seules 5% d’entre-elles disent avoir été réellement diagnostiquées par un spécialiste pour une dépression post-partum.

C’est sans compter que la dépression post-partum touche aussi les pères : 18% des hommes interrogés confient avoir eux aussi subi un épisode dépressif après l’arrivée de leur enfant. Et pour la grande majorité des hommes sondés, la dépression post-partum ne toucherait que les femmes. Pour Fanny Jacq, psychiatre et directrice santé mentale chez Qare : « Cette vieille idée selon laquelle les hommes doivent avoir les épaules solides (…) tandis que les femmes seraient « plus fragiles » n’a malheureusement pas encore totalement disparu. Chez les hommes, cela peut créer un sentiment de culpabilité, voire de honte. »

Culpabilité, honte, désarroi, autant d’émotions négatives symptomatiques de la dépression post-partum et qui peuvent affecter les deux parents. Ce phénomène est amplifié par un manque d’accompagnement médical selon 85% des mères et 71% des pères ainsi que par la réticence à parler de ce sujet. Pour 60% des parents, la dépression post-partum représente un sujet tabou. Après la naissance de l’enfant, il n’est donc pas rare que les parents s’isolent plutôt que d’en parler à un spécialiste de la santé mentale. C’est ainsi que 35% des mères et 46% des pères n’ont pas parlé de leurs émotions suite à un accouchement, et 14% déclarent même avoir ressenti de la honte.

Vers un repérage systématique après l’accouchement

Dans ce contexte, le secrétaire d’État à l’Enfance Adrien Taquet a annoncé qu’un « entretien systématique autour de la 5e semaine après l’accouchement » sera instauré début 2022. L’objectif étant de procéder à  un repérage systématique des symptômes dépressifs après l’accouchement. Quant aux femmes à risque, elles pourront bénéficier d’un « second entretien autour de la 12e semaine ».

À savoir ! Cet entretien sera effectué par des professionnels de santé : médecins traitants ou sages-femmes, qui auront été sensibilisés au repérage des dépressions post-partum. En cas de détection de signes de dépression, le parent pourra être orienté vers un psychiatre ou psychologue.

Pour la directrice santé mentale chez Qare, une meilleure prévention de la dépression post-partum passe par l’instauration de consultations psychologiques gratuites avant et après l’accouchement. Mais une fois le problème repéré, encore faut-il parvenir à surmonter la situation. Pour la psychiatre, il est nécessaire de prendre conscience que la naissance d’un enfant bouleverse considérablement le quotidien du couple dans son organisation, son sommeil ou encore sa vie intime.

Ne pas s’infliger une pression excessive et accepter que tout n’est pas parfait, tels sont les conseils pour aider les parents à dédramatiser. Qare lance d’ailleurs une campagne visant à libérer la parole et améliorer la prise en charge des jeunes parents en dépression post-partum, à travers les hashtags #Jassumelapsy et #Masantementalepostpartum. A vos claviers !

Déborah L., Docteur en Pharmacie

Sources
– Le post-partum bien vécu par seulement 22% des mères. huffingtonpost.fr. Consulté le 2 octobre 2021.
– La dépression post-partum touche aussi les pères : 18% de Français en souffrent, selon un sondage. ladepeche.fr. Consulté le 2 octobre 2021.