La dépression, enfin visible

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Rédigé par Charline D. et publié le 13 septembre 2017

La dépression est la maladie mentale la plus répandue. On estime que 5 à 15% de la population française risque d’être confrontée à un épisode dépressif au cours de sa vie. Aucune tranche d’âge ne semble épargnée, et cette affection est d’autant plus préoccupante que le risque de décès par suicide est multiplié par 10 chez ces patients. La détecter est alors un enjeu crucial. L’imagerie cérébrale est peut-être la clé !

Observer la dépression grâce à l'imagerie cérébrale

Dépression : l’imagerie pour la « voir »

Depuis plusieurs années, beaucoup d’études ont émergé concernant l’imagerie cérébrale dans la dépression. En effet, l’application des techniques d’imagerie à cette pathologie mentale a connu un développement exponentiel, depuis les deux dernières décennies. Parmi les techniques les plus étudiées, la TEP (imagerie cérébrale fonctionnelle par tomographie par émission de positons) et l’IRM (Imagerie par Résonance Magnétique) ont permis d’explorer le cerveau dépressif et sa physiopathologie. L’objectif était de trouver ce qui différencie un cerveau de patients déprimés, d’un cerveau d’individus sains.

A savoir ! Il existe diverses techniques d’IRM, par exemple IRM structurale, fonctionnelle, de repos ou encore en imagerie par tenseur de diffusion (DTI).

Les résultats les plus prometteurs ont été obtenus grâce à l’IRM. Bien que l’imagerie se heurte encore à certaines hétérogénéités dans ces résultats, il apparaît comme envisageable d’identifier les patients atteints de dépression uniquement par cette méthode. En effet, actuellement, le diagnostic de dépression repose seulement sur des critères cliniques appréciés par le médecin ou le psychiatre. Cependant, l’un des problèmes majeurs, outre l’hétérogénéité des résultats déjà évoqués d’une telle technique diagnostic, est de savoir quelle technique d’imagerie privilégier ou encore quel outil statistique utiliser.

Une récente méta-analyse publiée dans Biological Psychiatry, basée sur près de 33 études réalisées depuis 2008 sur l’utilisation diagnostic de l’imagerie pour la dépression, fait le point.

A savoir ! Une méta-analyse est une analyse combinant les résultats de plusieurs études indépendantes sur un même problème. Elle permet une analyse plus précise des données avec un nombre de sujets plus conséquent.

Imagerie : une utilisation inattendue

Les auteurs de l’étude ont comparé, au total, 912 patients souffrants de dépression à 894 individus sains. Si l’on tient compte des techniques d’imagerie dans leur globalité, les résultats montrent une sensibilité du diagnostic de 77% et une spécificité de 78%.

A savoir ! On parle de sensibilité d’un test diagnostic pour désigner sa capacité à détecter tous les malades, autrement dit, éviter un maximum les « faux négatifs » (malades non détectés). La spécificité d’un test diagnostic est sa capacité à détecter uniquement les malades, et donc d’éviter un maximum les « faux positifs » (non malades détectés comme étant atteints).

Finalement, certaines techniques d’imagerie, plus particulièrement le DTI et l’IRM fonctionnelle, apparaissent comme plus précises. Le DTI a une sensibilité de 88% et une spécificité de 92%. L’IRM fonctionnelle a une sensibilité de 85% et une de spécificité de 83%.

Cependant, tout aussi encourageants que soient ces résultats, il n’est pas concevable d’utiliser l’imagerie cérébrale pour le diagnostic au quotidien de la dépression. Cela pour 2 raisons principales : il existe 25% d’erreur de diagnostic et le coût est beaucoup plus important qu’un simple examen clinique.

L’intérêt de ces recherches réside essentiellement dans l’élaboration de techniques pour la prédiction de la réponse aux traitements des patients dépressifs, ou encore dans le dépistage du trouble bipolaire des patients ayant un épisode dépressif.

Charline D., Pharmacien

– Quelle place pour l’imagerie dans le diagnostic de la dépression ? JIM. Le 31 août 2017.
– La dépression. ICM. – Consulté le 12 septembre 2017.

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